J’ai découvert moi aussi à L’Arche une attention, un respect de la personne.
L'Arche, j’en avais entendu parler dans ma famille et par des amis, puis je suis passé devant les nouveaux foyers de la rue Sisley de 2006 à 2009, en accompagnant ma fille Louise à la crèche, me disant jour après jour : « je vais bientôt y entrer pour les rencontrer… » C’est alors que j’ai appris que L’Arche à Lyon cherchait un psychiatre. Et depuis, tous les vendredis matins, je retrouve l’équipe d’un des foyers, l’équipe du CAJ, et différents responsables.
C’est le moment d’une synthèse, temps d’échange autour du projet de chaque personne accueillie, temps où l’on écoute ce qui se passe pour la personne dans sa vie au foyer : ses intérêts, ses habitudes, ses difficultés, ses progrès, et dans sa présence au CAJ, ses compétences, ses fragilités, ses plaisirs et déplaisirs. Nous sommes attentifs à saisir les modalités relationnelles de chacun, à comprendre la place de chacun dans sa propre famille et dans la famille de L’Arche. Nous décryptons ensemble les comportements parfois énigmatiques ou incompréhensibles.
Nous nous attachons à mettre en paroles, les manifestations : agirs, et parfois violences des personnes qui ont toujours une modalité d’expression, de communication infra-verbale qu’il faut savoir entendre. Je peux aussi apporter des éclairages psycho dynamiques ou médicaux pour aider à la juste compréhension d’une personne.
Puis nous élaborons ensemble le projet personnalisé qui sera ensuite proposé à la personne et à ses parents.
J’ai rencontré chaque résident pour faire sa connaissance et propose à chacun un temps de rencontre avant ou après sa synthèse pour en parler ensemble. Ce temps d’échange autour de la synthèse, temps où chacun me confie ce qu’il aime, qui sont ses amis, parfois des plaintes ou des inquiétudes, commence toujours par un cri du coeur sur l’amour porté par chaque résident à la communauté de L’arche à Lyon. Chacun s’y sent chez soi, au sein d’une famille. Si je le souligne, c’est que j’ai découvert moi aussi à L’Arche une attention, un respect de la personne, une patience à laisser advenir la vérité de chacun, que je n’avais rencontré nulle part ailleurs…
Au-delà des synthèses, mon travail à L’Arche comporte d’autres rencontres : Je peux rencontrer des personnes accueillies à leur demande ou à la demande de l’équipe, quand la personne traverse un moment difficile, quand il faut envisager une aide plus importante, un traitement ou une hospitalisation. Je travaille alors en lien avec le médecin généraliste qui suit les personnes accueillies. J’assure aussi un lien avec les psychiatres ou psychologues extérieurs, libéraux ou hospitaliers qui suivent certains.
Au fil de nos rencontres avec l’équipe nous développons une réflexion autour de thèmes différents, autour des relations affectives avec la mise en place des groupes « Moi et l’Autre » avec Isabelle Blervaque, autour de la création d’une salle d’apaisement, par exemple.
Mon travail de pédopsychiatre m’a aussi amené à écouter les parents de ces enfants devenus adultes et accueillis à l’Arche. Je propose des rencontres aux parents pour évoquer l’histoire de leur enfant, son parcours, imaginer l’avenir, réfléchir aux difficultés rencontrées en famille, à L’Arche et trouver le meilleur accordage possible entre le foyer, devenu la maison de leur enfant, et la maison familiale.
C’est avec un vrai et grand plaisir que j’arrive à L’Arche toutes les semaines, espérant apporter ma petite lumière au crépitement de cette communauté si vivante et bienveillante.
Psychiatre à L’Arche